Pour les personnes qui seraient susceptibles de « consommer » des antibiotiques lors de cette saison où l’immunité est parfois en baisse, il n’est pas superflu de faire le point pour l’hiver.

La pénicilline, première découverte capitale

Rappelons tout d’abord la fonction d’un antibiotique : substance qui agit sur la paroi de nombreuses bactérie au moment de la division cellulaire, il s’oppose ainsi à leur multiplication et lutte contre la propagation des infections. La pénicilline, issue de moisissures, fut le premier antibiotique découvert par Alexander Fleming en 1928 et fabriqué industriellement en 1941. Depuis, plus de 200 antibiotiques ont vu le jour, classés en familles différentes suivant leur mode d’action et la cible qu’ils doivent atteindre. Un antibiotique n’est efficace que sur les bactéries, mais inadapté aux virus (grippe, otite, bronchite,…). S’il est malgré tout prescrit, ce sera pour éviter une surinfection bactérienne jugée possible par le médecin.

Une surconsommation dangereuse

Médicament « miracle » dans bien des cas (des vies furent sauvées), l’antibiotique est aujourd’hui prescrit de façon souvent injustifiée et les médecins eux-mêmes lancent un cri d’alarme face au problème des germes devenus antibio-résistants. Les Français avalent cinq fois plus d’antibiotiques que les Allemands ou les Anglais et en 10 ans, le taux de prescription d’antibiotiques est passé de 50 à 80% pour les otites par exemple. Résultat : à Paris, une otite sur deux ne répond plus à la pénicilline. Ainsi, l’Hemophilus influenzae (affectant les voies respiratoires), les salmonelles, certains colibacilles, les staphylocoques, le bacille de la peste, sont de plus en plus récalcitrants aux traitements.

Un équilibre subtil perturbé

Les antibiotiques bouleversent l’écosystème intestinal et détruisent directement la flore vaginale. Chaque flore est un subtil équilibre entre différentes souches, et le tube digestif et ses bactéries représentent une fonction métabolique avoisinant 80% de celle du foie. Rappelons que si l’organisme est constitué d’environ 1013 cellules, le tube digestif héberge quant à lui 1014 bactéries réparties en 400 familles, sous forme de flores dominante et sous-dominante. Sa fonction principale consiste en une véritable barrière, empêchant ainsi tout intrus de s’implanter sans son autorisation. Mais, encore plus précieux, ce système permet la maturation du système immunitaire (sécrétion d’anticorps et de lymphocytes T).
Les antibiotiques (mais aussi les corticoïdes, les immunosuppresseurs) vont jouer le rôle d’agresseur tuant des troupes entières de petits soldats, laissant ainsi pénétrer des hôtes indésirables et pathogènes, favorisant leur installation et leur développement.
C’est ainsi que prolifère le candida albicans, provocant des mycoses, tant au niveau intestinal, qu’au niveau vaginal, choisissant la voie sanguine ou lymphatique pour y élire domicile.

Des fonctions altérées

La flore microbienne de l’intestin a par ailleurs un rôle très important au niveau métabolique. C’est ainsi qu’elle permet la synthèse de la vitamine B12 et K, qu’elle a une action sur le cholestérol, les hormones stéroïdes, la dégradation des glucides et des protéines.
Prendre à la légère cet outil indispensable qu’est l’antibiotique en cas de situation extrême, c’est dans bien des cas la solution de facilité au lieu de prendre en charge sa santé par d’autres moyens et de comprendre ce que signifie le désordre de la maladie. C’est exposer son organisme à des risques inutiles, favoriser la chronicité en rendant les germes de plus en plus résistants et affaiblir son organisme. Prudence donc et dans tous les cas, la prise d’antibiotiques doit être suivie d’un réensemencement de la flore, afin de régénérer les bactéries nécessaires à son bon équilibre. Ce n’est qu’à cette condition que la barrière physiologique intestinale restera performante.

Michèle Théron
Praticienne de Santé Naturopathe
Thérapeute psycho-corporel

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