Les Cristallisations Sensibles

Article de Michèle Théron

Un processus bio-physique au service de l’étude du vivant

Méthode d’analyse globale, ses champs d’application sont immenses. En évaluant la qualité interne de toute substance vivante, elle intéresse directement notre santé et notre alimentation et nous interroge sur notre rapport au réel.

A partir d’indications données par Rudolf STEINER, E. PFEIFFER, un chimiste allemand, met au point au début du siècle, cette méthode d’analyse globale qui sera ensuite utilisée dans les domaines médicaux et agro-alimentaires. Au départ empirique, la méthode va devenir une technique de laboratoire statistiquement vérifiée, grâce aux travaux des Docteurs Alla et Oleg SELAWRY. Entre 1950 et 1975, ces médecins recueillirent plus de 600 000 plaques, où furent testées différentes substances.
Les cristallisations sensibles ou « thésigraphies » sont obtenues en mélangeant des solutions de sel à des substances organiques. Le chlorure de cuivre est le sel qui s’est révélé le plus efficace pour l’observation de ce processus. Mise en présence de la substance à tester (substance végétale, minérale ou sanguine) et déposée sur une plaque de verre, la solution s’évapore et dessine ensuite ce qu’on appelle des images de cristallisation.
Cette méthode s’applique à tout produit animal ou végétal pour connaître sa valeur nutritive, son pouvoir thérapeutique, son degré de contamination, etc.
Elle s’applique aussi à l’homme, à l’animal, par prélèvement de leur sang pour obtenir un bilan de santé (par exemple connaître l’état de tout un cheptel animal à partir d’un seul individu). Elle permet alors d’évaluer le terrain, ses faiblesses, de dépister précocement des cancers, de faire des suivis thérapeutiques réguliers.

Comment ça marche ?
Le test de cristallisation sensible est une opération délicate, faite dans des conditions d’expérimentation précises.
Il se pratique dans une cabine isolée des champs magnétiques ou vibratoires et des courants telluriques, dans laquelle on maintient une température et une hygrométrie constantes. Les plaques de verre sur lesquelles sont déposées les solutions sont laissées toute la nuit (environ 18 à 24 heures). (voir …)
Entre le substrat, l’eau et le sel de cuivre, tout se passe comme si l’information du substrat était extraite par le réseau de molécules d’eau et s’imprimait dans les aiguilles du sel de cuivre qui sert de révélateur.
Un premier examen est fait à l’œil nu, sorte de bilan morphologique : rétraction, vitalité des striations, trame, amplitude du rayonnement, localisation du « centre » (excentré) de la cristallisation, signes ou figures visibles, étude des zones. L’examen se poursuit à la loupe éclairante et enfin au microscope. Il se passe une quinzaine de jours entre l’examen et le diagnostic final, ce qui en fait un test biologique peu industriel, car l’interprétation est longue.
[Le test permet de rendre compte de l’équilibre ou du déséquilibre des systèmes énergétiques d’un organisme vivant c’est à dire de sa vitalité. Toute modification dynamique de l’organisme va transformer l’image. Pour le test appliqué à l’être humain, la pathologie qui va déterminer cette modification énergétique sera soit au niveau :

  1. de l’organe (pathologie organique)
  2. de la fonction de l’organe (pathologie fonctionnelle)
  3. du métal lié à cet organe ou sa fonction (excès ou carence)]

Un test qualitatif
A structures chimiques équivalentes des substances testées, les sels de chlorure de cuivre s’organisent ou non à partir d’un centre, selon que la substance est naturelle ou artificielle. Les substances de synthèse n’induisent pas une organisation spécifique des sels (par exemple la vitamine C de synthèse donne un ensemble de petites étoiles non reliées, tandis que l’acerola produit une image arborescente). Par contre, les substances végétales, animales ou humaines organisent les sels de chlorure en une image de cristallisation tripartite. C’est ainsi qu’on a pu déduire que la composition chimique de la substance n’était pas responsable de l’organisation de l’image cristalline. Le chlorure de cuivre se comporte plutôt comme s’il matérialisait le champ énergétique commun aux êtres vivants.
Ce processus sert de test qualitatif, permettant d’analyser des substances diverses (sang, sève, teinture mère, poudre séchée,…), non pas basé sur l’analyse quantitative des composants chimiques, mais sur la qualité de l’énergie de vie qui anime toute substance. Entre deux extraits de pomme (de même variété) on ne testera pas la quantité de vitamines, mais on pourra connaître la valeur en quelque sorte « énergétique » des deux échantillons. (Voir figures 1 et 2)

Une cartographie codée
Le volume des informations contenues dans chaque image cristalline est considérable. Il est décodable à partir de référentiels expérimentés et confrontés à la clinique (pour les bilans de santé par exemple) ou à la biochimie (pour les denrées agro-alimentaires par exemple). Notamment des expériences in vitro ont permis d’accélérer l’altération de divers extraits biologiques -en jouant sur divers paramètres : chaleur, congélation, échauffement, acidification, oxydation- et ainsi anticiper et vérifier les processus d’altérations naturelles. Ceux-ci vont tous dans le même sens : le catabolisme. Les modifications de l’image cristalline accompagnent ce processus de catabolisme et suivent alors une involution en correspondance avec la dégradation cellulaire ou métabolique. Cela se traduit par une série de figures en formes de vacuoles, puis ailerons, rosettes et enfin croix (voir figure n°3). Ces figures sont observables par exemple sur le végétal ou le lait. Au fur et à mesure de leur stockage et de leur dégradation, à chaque échantillonnage successif, on voit alors s’installer ces figures, toujours de la vacuole vers la croix.
Pour les bilans sanguins, la cristallisation s’organise autour de formes qui renvoient aux grands systèmes de notre organisme : systèmes pulmonaire, cardiaque, gastrique, hépatique, intestinal, génital et rénal (voir figure n°4). Un sujet équilibré se verra pourvu d’une texture cristalline qui rayonne harmonieusement, autour d’un centre unique, toujours excentré. La croissance des cristaux est régulière, sans vacuoles, sans éléments cristallin surajouté ; les stries sont régulières et homogènes. Une lecture qui évoque de façon surprenante l’interprétation iridologique, où l’on observe la trame de l’iris, ses vacuoles, les éléments surajoutés, où il existe une cartographie des organes et où chaque détail est interprété en rapport avec les grands systèmes de l’organisme.

Echec à la philosophie matérialiste
Cette lecture fait appel à des paramètres totalement différents de ceux employés par l’analyse scientifique qui les qualifierait de « subjectifs ». Le monde scientifique d’aujourd’hui a opté pour une philosophie matérialiste, basée sur l’ét
ude de la matière observée dans des conditions où elle n’est plus « vivante ». Il étudie la structure des organismes dans son aspect quantitatif (microbiologie, chimie, biochimie : y a-t-il des vitamines ? oui/non ; y a-t-il des bactéries ? oui/non …) et délaisse l’aspect qualitatif qui est en fait la clef de la connaissance du vivant. Jean-Pierre Garel, biologiste au CNRS, qualifie la biologie moléculaire de « monstre mécaniciste et réductionniste », parce que trop axée sur une recherche linéaire. Il précise : « Trois de ces rameaux vigoureux (génétique moléculaire, virologie moléculaire et immunologie moléculaire) sont aujourd’hui directement défiés par le SIDA. Pour en triompher faut-il changer le SIDA, les patients ou les concepts ? ». Mais les concepts ont la vie dure…
Néanmoins, aujourd’hui, les normes officielles sont insuffisantes pour rendre compte de la qualité d’une chose aussi complexe qu’un organisme vivant, que ce soit un aliment consommé ou l’organisme humain. Elles ne sont pas adaptées à un domaine aussi fluctuant que celui des êtres vivants et des processus de vie, toujours en mouvement.
La conséquence de cette vision froide et matérialiste a abouti à des techniques (agricoles entre autres) destructrices pour nous-mêmes et notre environnement. L’agriculture et l’élevage ont pour rôle de nourrir, de maintenir le vivant en bonne santé, de préparer la nature de demain à partir du patrimoine existant en l’amenant vers un niveau d’évolution supérieur en complexité. Au lieu de cela, nous sommes arrivés à une production quantitative démesurée dont nous devons payer le prix par l’abandon de la qualité même du vivant. L’argument,  souvent taxé de passéiste ou obsolète par les détracteurs du « bio », trouve néanmoins ici sa raison d’être à travers l’expérimentation.

Une hiérarchisation des agricultures
Toutes les images de cristallisation des produits de l’agriculture intensive traduisent par leur texture, leur structure et leur évolution dans le temps : un affaiblissement des processus végétatifs, une stagnation ou un abaissement du niveau d’évolution et des capacités de régénération réduites. Elles mettent ainsi en évidence que l’agriculture dominante est une pratique non pas d’ « élevage », mais bien une « exploitation », un esclavage de la terre et de ses richesses. Au même titre que l’Homme s’est permis d’exploiter l’Homme en le réduisant à l’esclavage, sans se soucier de sa valeur, l’agriculture exploite la terre, sans éthique et sans aucune notion des lois qui régissent la nature. Nous entendons par « lois », le système complexe de réactions en chaîne que l’Homme ne peut connaître ni maîtriser dans son ensemble.
L’observation des produits issus des trois agricultures (intensive, biologique, biodynamique) permet en effet de hiérarchiser la structure des cristallisations, selon des critères qui nous informent de la qualité de ces modes de production.
Les produits issus de l’agriculture dominante donnent des images de type « racine » dans laquelle prédomine un aspect physique et éphémère.
Les produits de l’agriculture biologique donnent des images de type « feuille », dans laquelle prédomine l’intensité des processus végétatifs.
Avec les produits de l’agriculture biodynamique, les images de type « fleur » montrent les structures les plus évoluées, tout en gardant des textures révélatrices de processus végétatifs intenses.
Nous pouvons voir à travers ces trois types d’image, la même dynamique qu’un processus de maturation, de la racine (la partie la plus « grossière ») à la fleur (la partie la plus subtile).
Ces images viennent traduire à leur manière des phénomènes énergétiques subtils et nous interrogent sans cesse. Comment nous nourrissons-nous ? Quelle est la valeur de ce que nous laissons pénétrer dans notre corps ? Quel est le taux vibratoire de nos aliments, de notre organisme ? Comment appréhendons-nous le réel ? Sommes-nous entiers et debout sur nos deux jambes ? Car si nous sommes condamnés à ne manger que ce que nous donne l’agriculture intensive, ne sommes-nous pas amputés de quelque chose de vital pour notre survie ?

Le féminin oublié
La progression des images de cristallisations sensibles, d’une forme de type racine (pour l’agriculture intensive) jusqu’à une forme de type fleur (pour l’agriculture biodynamique), est à mettre en parallèle avec un processus qui s’inscrit dans une polarité. Dans notre monde manifesté, la vie ne peut circuler qu’entre deux pôles opposés : mâle et femelle, (+) et (-), yang et yin, deux polarités qui créent la matière, l’énergie, la vie.
Pour assurer la survie du groupe, le principe masculin, guerrier, agressif, compétitif, s’est mis en place dès l’origine de la civilisation. Puis, de nécessaire, ce principe est devenu un outil de pouvoir. Le patriarcat dominant a imposé ses outils de survie : l’intellect, l’analyse, la science, la technologie. L’intellect sépare, pour pouvoir désigner et connaître. Dans sa forme déviante, il sépare pour asservir, l’espace et les consciences. Il a « oublié », dans sa volonté de domination, de maîtrise, qu’il existait des valeurs féminines. S’il ne les a pas oubliées, il les a subordonnées.
Pourtant, nous l’avons dit, la vie ne circule qu’entre deux pôles. Deux pôles réunis dans la symbolique d’un arbre. Ses racines, dures, profondes se nourrissent des minéraux de la terre pour construire le tronc puissant, noir, dressé, manifesté, yang. Puis les ramures s’arrondissent, se fragilisent, jusqu’aux feuilles qui préparent au féminin. Enfin, légères, douces, fragiles, subtiles, embaumantes, offertes au soleil, les fleurs, quintessence du principe féminin. Les fleurs qui nourrissent les abeilles et les papillons, permettent la reproduction et participent à la respiration profonde de la nature. Les fleurs qui, par leur parfum, nous font toucher au plus subtil de la matière.
Comment ne pas voir dans ce processus un tout indissociable ? Or notre société ne vit qu’avec sa polarité masculine. Comment ne pas s’alarmer du fait qu’elle néglige tout ce qui découle de ces phénomènes subtils ?

Changer notre rapport au réel
Les scandales de toutes sortes sont là pour nous montrer vers quels déséquilibres notre société « amputée » nous entraîne. Et un test, comme celui des cristallisations sensibles, par les questions qu’il soulève, est là pour nous le rappeler aussi. Notre vision, notre appréhension du réel doivent changer et nous devons faire confiance à notre intuition. Oui, notre alimentation et notre environnement doivent être préservés, protégés, car c’est de la survie de notre espèce dont il s’agit aussi. Ce que nous faisons à la nature, nous le faisons à nous-mêmes. Ces cristallisations sensibles nous montrent que notre rationalité n’a pas raison de tout, que notre mode de connaissance et notre appréhension du réel sont à revisiter.
Un symbole nous enseigne à propos de notre mode de connaissance dans les sciences actuelles. Dans l’évolution de l’humanité, le serpent représente l’accès à la connaissance. Il séduit l’Homme et l’entraîne à manger le fruit de l’ « Arbre de la connaissance ». A partir de ce moment, l’Homme est chassé du « paradis » (état de non connaissance). Il voit ses yeux s’ouvrir, aspect positif de la symbolique du serpent, car par la connaissance, il accède à l’autonomie. Mais l’orientation de nos facultés de connaissance sur des faits exclusivement matérialiste
s sont les conséquences négatives de l’influence du serpent. Car alors cette connaissance ne tient plus aucun compte des éléments subjectifs de l’expérience. Tout est alors analysé, pensé, selon des critères « objectifs » de mesure et l’Homme lui-même est intégré dans ce système en tant qu’outil.
Comme le dit Hans-Werner Schroeder (1) : « Même la médecine, la plus humaine de toutes les sciences, menace de dégénérer en une simple médecine d’appareillage dans laquelle les composantes humaines, intuition, compassion, expérience recueillie grâce à la rencontre avec le patient, n’auront quasiment plus aucun rôle à jouer. Telle est la toute dernière conséquence du mode de connaissance introduit par le serpent dans l’humanité ».
Pour faire de ce symbole un symbole positif, il nous faut admettre que nos facultés cognitives ne sont pas à mettre exclusivement au service du réel-objectif. Il faut que cette connaissance retrouve un lien avec des nouvelles forces spirituelles qui permettront à l’Homme de s’élever sans perdre pour autant son autonomie.
Ainsi toutes les approches du réel seront complémentaires au lieu de s’exclure, la science cessera d’être divisée entre « science exacte » et « science inexacte », et elle cessera peut-être de morceler l’être humain, qui a hâte de retrouver un peu de son unité.

(1) « Le serpent dans l’évolution de l’humanité » in Revue Weleda n°83

 

La theorie des signatures

Les cristallisations viennent parfois renforcer la théorie des signatures, chère à Paracelse. En effet, ce médecin du 16ème siècle s’intéressait déjà à la loi des semblables. Pour découvrir le lien de similitude entre un médicament donné et un certain état morbide, il observa toute ressemblance possible entre une plante avec une particularité de la maladie. Ainsi la chélidoine, au latex jaune semblable à de la bile fraîche, porte la signature du foie. Or des travaux menés avec les cristallisations sensibles ont permis d’établir une grande analogie entre l’image d’un extrait de chélidoine et l’image obtenue à partir d’un extrait de bile.

 

Un processus alchimique

Le processus dynamique de la cristallisation s’articule sur 2 phases. Une phase d’évaporation avec un intense échange énergétique de type YANG, qui est assimilable à la phase « SOLVE » ou « CHAOS » des alchimistes. Une phase de structuration où la plaque se couvre d’un filigrane cristallin organisé, qui est l’équivalent du processus alchimique de « COAGULE », à dominante YIN.

 

Bibliographie :

  1. « Nouvelles lumières par la cristallographie », Jean-Pierre Garel in Le Lien – 1990
  2. « Les cristallisation sensibles : une révélation ? » in 3ème Millénaire n°8 et 9 – 1988
  3. « Les cristallisation sensibles, pour choisir avec conscience », Marie-Françoise TESSON in Bulletin AMKI n°2
  4. « Le pouvoir formateur de la femme », Pierre C. Renard
  5. « Valeurs féminines, le pouvoir demain », Mike Burke, Ed Village mondial

 

Michèle Théron
Praticienne de Santé Naturopathe
Thérapeute

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