Homéopathes, ostéopathes, naturopathes :

Convergences et complémentarité pour une santé globale.

Table ronde – 17 mai 2003-08-21


Introduction et présentation des participants par Christian Sauvaire.

Il existe deux conceptions de l’approche de la santé ou  de la maladie :

– l’approche de la médecine allopathique, médecine officielle aujourd’hui, et qui voit dans la maladie une agression extérieure, qui est le fruit du hasard, et qui, par manque de chance, est tombée sur une personne et non sur une autre. Cette médecine traite les symptômes, on va essayer de faire disparaître les symptômes, c’est la médecine des « anti », antidépresseurs, antibiotiques, anti-fièvre, etc. Par ailleurs, cette médecine considère l’individu à travers ses organes, il est débité en tranches, ce qui entraîne une hyper-spécialisation, chaque spécialiste étant très fort dans sa spécialité.

– l’autre approche, dont les racines remontent très loin dans le temps, issue des médecines traditionnelles anciennes, et dont la conception est tout à fait différente : la maladie ne s’attrape pas par hasard, c’est quelque chose que l’individu forme en lui-même, par ses mauvaises habitudes de vie, non conformes aux lois de la vie saine. Petit à petit, la maladie se forme, c’est la qualité de terrain de chaque individu qui est à l’origine des maladies. Dans ce type d’approche, l’individu est considéré dans son ensemble et non par ses organes.

On pourrait dire, à priori, que ces 2 approches de la médecine sont opposées. Certes, elles sont différentes, mais pourtant utiles, elles doivent être complémentaires. Ce qui nous préoccupe dans cette table ronde, ce n’est pas la médecine allopathique, mais, c’est donner la parole aux autres méthodes de santé, qui réunissent un certain nombre de thérapeutiques. Si le système de pensée est le même, on a parfois quelques difficultés à en voir les méthodes d’approche.

Nous avons choisi 3 de ces grandes thérapeutiques complémentaires : l’homéopathie, l’ostéopathie et la naturopathie, chacune sera présentée. Dans une 2e partie, un thème particulier sera choisi et sera abordé par chaque spécialiste :

–         Jean-Pierre Loupias, médecin homéopathe, président du Centre de Formation en homéopathie de Montpellier.

–         Daniel Kieffer, naturopathe, président de la Fédération française de naturopathie (FENAHMAN), directeur du collège de formation CENATHO.

–         Philippe Martineau, ostéopathe, membre du Registre des ostéopathes de France, chargé de cours au Collège ostéopathique de Montpellier.

Dans une 1e partie, chaque thérapeute se présentera et présentera sa thérapeutique. Dans la 2e partie, le thème abordé sera : les troubles digestifs, vus selon chaque thérapeutique.

 

1e PARTIE : présentation des 3 thérapeutiques

Intervention du Dr. Loupias

L’homéopathie est une démarche médicale qui s’inscrit à certains stades de la consultation médicale, celle-ci a pour but d’obtenir un diagnostic à partir duquel on va choisir une thérapeutique. En médecine homéopathique, nous sommes tous médecins allopathes, suivant le stade et la gravité de la maladie, on choisira la thérapeutique. En temps qu’homéopathe, 99fois/100, c’est l’homéopathie qui est utilisée. Le diagnostic est obtenu, à partir de signes appelés pathognomoniques, qui nous font dire qu’il s’agit de telle ou telle maladie. On choisit alors un traitement, pour lequel on va mettre en parallèle ce que l’on a retenu de l’interrogatoire, de l’observation et des examens complémentaires du malade, qui constituent la fiche du malade représentant les signes de sa maladie. Une autre partie importante est à considérer, c’est la façon personnelle du malade de faire sa maladie, ce que l’on appelle la réaction individuelle du malade, car personne ne fait une maladie de la même façon. La maladie existe pour elle-même et elle est chez quelqu’un, on va soigner non pas la maladie mais la personne.

Dans la méthode homéopathique, on cherche une substance, qui toxicologiquement ou en expérimentation, a été capable de produire les mêmes symptômes que ceux que le malade présente. A chaque patient, la question se pose de savoir ce qu’il aurait pu avaler qui lui produise les symptômes qu’il présente. En gastro-entérologie par exemple, si on avale de l’arsenic, on aura des brûlures d’estomac qui réveillent à 1h du matin, avec des angoisses et peur de mourir, et c’est réellement le cas. En cas d’intoxication à l’arsenic, pour nous, arsenicum album est un des grands remèdes en gastro-entérologie, particulièrement dans les ulcères de l’estomac qui réveillent à 1h du matin avec anxiétés et soif de petites quantités d’eau fréquemment répétées.

On va donc comparer 2 tableaux : celui du patient et celui qu’on a en mémoire, qui est la toxicologie de ces substances. Ceci n’est qu’une partie du travail, on a un similimum du problème. En réalité, c’est plus compliqué : quand un sujet se présente à nous, il a des symptômes qui motivent sa consultation, ces symptômes signent sa maladie et sa façon de la faire. Si ce sujet est tombé malade, il y a bien une cause. On pourra dire que cela peut être un virus en cas de grippe ou de pneumopathie, que cela peut être un deuil, un choc ou un accident, et dans ce cas, si le sujet s’est cassé une jambe, il va avoir mal. En vérité, pour nous, ce n’est pas cela. La cause va agir sur un sujet, et ce sujet va être regardé sous deux angles : l’inné et l’acquis.

L’inné :

Pour nous, les 2 choses principales, sont d’une part, ce que l’on appelle les constitutions et d’autre part, ce que l’on appelle les types sensibles. Au fil des siècles, les médecins homéopathes ont découvert qu’on avait des sujets « bons répondeurs ». Quand on a un sujet petit et trapu, il a plutôt tendance à avoir besoin de certains remèdes dont un sujet grand et maigre n’aura pas besoin. Constitutionnellement parlant, on a déjà beaucoup d’éléments à considérer. Cela se définit sur une morphologie particulière, qui détermine, dans notre jargon, les carboniques, les fluoriques, les sulfuriques, etc., qui, du fait qu’ils sont cela, ont déjà une tendance pathologique particulière et auront donc besoin de remèdes particuliers, d’une hygiène de vie particulière.

Ce que l’on appelle le type sensible, c’est un complément de la constitution : le sujet est petit et trapu ou grand et maigre, et là-dessus, il va évoluer une personne qui va être définie par une morphologie, par une caractérologie et par ce que l’on appelle des tendances morbides.

Exemple de type sensible connu en homéopathie,  pulsatilla, qui se définit ainsi :

1)      constitution : c’est un sujet plutôt du type féminin, plutôt blond aux yeux bleus, avec une peau plutôt claire, il a en général les extrémités un peu violacées  et a tendance à faire des acrocyanoses en hiver.

2)      caractère : sujet au tempérament doux, gentil, aimant l’harmonie autour de lui, n’aimant pas l’agressivité, un peu pleurnichard, mais qui a tendance à se consoler très rapidement. Il ne s’agit pas là de pathologie, on n’est pas dans la
névrose, ni dans la psychose, on a simplement affaire à un sujet qui est constitutionnellement à tendance de ce type.

3)      tendances morbides : on sait qu’un sujet pulsatilla a tendance à avoir des problèmes veineux, circulatoires, et il y a une balance entre ses problèmes veineux et ses problèmes muqueux.

Il est évident que cela est la vraie cause : quand une maladie arrive, parce que le sujet rencontre un événement psychologique ou un microbe, c’est parce qu’il est plutôt carbonique ou plutôt phosphorique ou plutôt sulfurique ou autre ; c’est parce qu’il a un type sensible plutôt pulsatilla, ou plutôt sulfur ou lycopodium ou autre, qu’il va être sensible à l’événement ou au microbe. Les causes sont multiples et elles vont toucher le sujet lui-même.

 

L’acquis : c’est ce que Hahnemann avait appelé le mode réactionnel chronique. Découvrant l’homéopathie, il met en pratique son système et découvre que quand on trouve un similimum, il suffira de trouver l’équivalent et les symptômes vont s’effacer (image d’un triangle, qui peut être aussi un bateau, dont il faut trouver l’équivalent). Exemple : quand on a un embarras gastrique avec la langue blanche, le ventre ballonné après avoir trop mangé, antimonium crudum, va l’améliorer. Mais Hahnemann a constaté que quelque fois cela ne suffisait pas ; après amélioration, cela allait revenir pour la même raison ou pour une autre. Il découvre que dans certains cas, c’est comme un bateau qui flotte, le similimum est vraiment là et cela suffit, et dans d’autres cas, on croit voir un bateau qui flotte et en réalité c’est un iceberg. Le problème est là : on traite en surface quelque chose qui se passe en profondeur. Dans le premier cas, si le bateau flotte, le similimum est là, mais dans l’autre cas, le similimum, c’est tout l’ensemble. Il est très important dans ce genre de pathologie chronique, itérative, récidivante, de prendre en compte ce qu’il y a en-dessous de la ligne de flottaison et qui ne se voit pas. La démarche homéopathique permet, par l’interrogatoire du sujet, de découvrir cette espèce de masse qui se trouve en-dessous. Et, selon la loi d’Archimède, les traitements allopathiques ou homéopathiques vont faire remonter le bateau, mais on ne s’en sortira jamais tant que l’on n’a pas résolu ce qui est en-dessous de la ligne de flottaison, c’est ce que l’on appelle les remèdes de mode réactionnel chronique. On a pour cela 4 catégories : l’absor, la sycose, la luèse et le tuberculinisme.

Traiter en aigu un cas isolé, banal, comme un embarras gastrique, les symptômes suffisent, on peut occulter tout le reste. Mais quand ce sont des troubles qui restent ou qui reviennent régulièrement, il faut prendre en compte la totalité, à la fois du mode réactionnel chronique, de la constitution et du type sensible et des causalités qui peuvent être à distance, car cela peut avoir débuté depuis longtemps, à la suite d’un licenciement, d’un décès, d’un échec à un examen. Quand on va chercher ces étiologies, ces causalités de départ, cela peut-être aussi un vaccin ou une thérapeutique un peu lourde qui a déstabilisé le terrain, donc la partie immergée de l’iceberg, et qui fait que les troubles réapparaissent régulièrement. Tant que cela ne sera pas résolu, cela reviendra.

Intervention de D. Kieffer

La naturopathie est à la fois plus jeune et plus ancienne que l’homéopathie. Les principes naturopathiques se retrouvent dans les vieilles traditions de Sumer, il y a 4 ou 5000 ans, dans les antiques médecines traditionnelles qui enseignent hygiène de vie et prévention, et l’on retrouve bien sûr le bon sens d’Hippocrate qui est aujourd’hui remis au goût du jour. On a parlé officiellement de naturopathie il y a un peu plus d’un siècle, en 1902, aux Etats-Unis. C’est Benedict Lust, (lui-même influencé par le curé Kneipp, un des vieux hygiénistes du début du 20e siècle), qui a fondé ce terme et une première école. Il a fallu attendre les années 40, 50, pour que l’on reprenne en France ce principe, sous l’impulsion de personnages comme le Dr. Carton, comme Pierre Marchesseau et les frères Durville.

La naturopathie, c’est la synthèse des méthodes naturelles de santé, de santé et non de maladie. Autant mes amis et confrères vont avoir une position plus ou moins marquée dans le sens d’une connaissance de la maladie et d’un diagnostic, autant notre rôle va se situer en amont de la maladie, dans la vrai secteur que l’OMS appelle la prévention primaire, une authentique prévention active et prise en charge de sa santé, de son terrain, en passant par la qualité de vie et diverses remises en cause du comportement individuel au quotidien.

Quand la maladie est là, tout comme pour les homéopathes, les ostéopathes ou les acupuncteurs traditionnels, notre action n’est pas antisymptômatique, venant de l’extérieur, mais, par telle ou telle correction de l’hygiène de vie, telle cure, tel petit coup de pouce donné à la nature, elle va réveiller, réanimer les forces guérisseuses qui sont celles de l’homéostasie et de la régénérescence qui est en nous.

La grande différence vis-à-vis de la loi française et de la pratique, c’est que nous ne sommes pas forcément médecins, (il y en a peu en naturopathie, environ 2 à 3%). La loi nous laisse libre (« vide juridique ») tant que nous ne faisons pas de médecine et la médecine étant un acte de diagnostic et de thérapeutique, nous nous gardons bien de faire cela.

Que faisons-nous alors ? Le bilan naturopathique est un bilan de vitalité, un bilan quasi énergétique, qui va estimer et mesurer avec le plus de précision possible, l’énergie vitale dont nous disposons aujourd’hui. Comparée à l’énergie que nous avions à la naissance, notre capital (l’inné défini précédemment, la « constitution ») va être plus ou moins bien géré.  20 ou 40 ans plus tard, qu’a-t-on fait de notre capital santé, qu’est-il devenu ? Il est passé par un filtre qui est votre biographie, c a d votre hygiène de vie, votre alimentation, votre gestion du stress, votre sédentarité, votre contact plus ou moins privilégié avec la pollution, tout ce qui fait que vous avez construit un « tempérament », qui lui, c’est vrai, possède sa caractérologie et ses prédispositions morbides. On parle même de la photographie momentanée d’un tempérament, appelé en naturopathie « diathèse », (sens un peu différent en homéopathie), et qui montre, qu’aujourd’hui, vous êtes à tel stade au niveau énergétique, ce qui pouvait être différent il y a quelques semaines, et ne le sera peut-être pas dans quelques semaines.

Les outils que nous utilisons pour arriver à ce bilan sont : la morphologie, la typologie, car depuis Hippocrate jusqu’à Corman, on étudie avec beaucoup de précisions le visage, la main, les angulations, la silhouette, les ongles, la pilosité, la forme de la mâchoire, de l’oreille, etc. ; c’est la morphotypologie.  Tout cela est précisé par l’iridologie, science bien connue en Allemagne (près de 20 000 praticiens) et un tout petit peu en France (environ 500 praticiens), qui observe l’iris de l’œil, miroir de votre santé, miroir de votre terrain et non pas outil de diagnostic. Si vous avez affaire à un prétendu-naturopathe découvrant une tumeur sur l’ovaire droit ou un cancer du sein en regardant l’iris, il s’agit là de quelqu’un de dangereux, à fuir, et qui ne fait certainement pas partie de notre fédération.

On peaufine ensuite cela avec la prise de pouls, soit le pouls chinois, soit le RAC, pouls plus occidental, mis au point par le Dr. Nogier. Eventuellement, on a recours de temps en temps à des bilans de terrain, comme la bio-
électronique, certains tests anti-radicalaires, bilans de la flore intestinale, bilans énergétiques (cristallisation sensibles, Kirlian, …).

Une fois ce bilan établi, ce qui prend environ une ½ heure, on se consacre à une véritable pédagogie avec le patient. On lui explique que, s’il en est là, ce n’est pas le hasard, il a une forte part de responsabilité, sans toutefois le rendre coupable bien entendu. On pointe toutes ses erreurs de vie, on souligne le positif et on va l’aider à corriger le négatif. Ceci est le 3e temps de la visite, qui s’appelle non pas la rédaction d’une ordonnance, mais la réalisation d’un programme d’hygiène vital, le PHV.

C’est un véritable dossier où l’on va  revoir toute la nutrition, la diététique (cures saisonnières, monodiètes), la gestion du stress (relaxation, sophrologie), les alternances travail/repos, la qualité du sommeil, éventuellement le recours à une thérapie brève, à un choix et à une pratique d’exercices pour sortir de la sédentarité (cela fait un siècle que nous crions qu’il faut bouger !), le tout parfaitement individualisé.

Il faut retenir ces 3 techniques majeures : alimentation, psychologie, exercice. D’autres techniques, plus mineures, viennent se greffer, comme l’hydrothérapie. On peut faire des merveilles avec une cuvette, une baignoire, un robinet, une douche (chaude, froide, alternée, …), des bains de siège, bains de pieds, lavements, douches rectales, ou toute autre technique d’hydrothérapie que nous maîtrisons bien. L’approche respiratoire est également intéressante : rééduquer, maîtriser le souffle, apprendre à respirer juste. Accessoirement, le recours aux plantes, ce qui n’est pas le plus important, contrairement à ce que l’on croit dans le grand public ; c’est alors une technique parmi d’autres qui intervient plutôt au niveau nutritionnel, au niveau des drainages, ou qui fait appel à des plantes adaptogènes.

Eventuellement, on peut avoir recours à quelques oligo-éléments de terrain, à quelques huiles essentielles, aux techniques réflexes (des pieds, de l’oreille, au shiatsu, à la sympathicothérapie nasale …).

C’est donc en fait une grande synthèse qui s’enseigne durant 1h à 1h1/2, une remise en cause profonde du terrain, et, à partir de là, la personne devient de plus en plus responsable : on se réjouit même si on ne la revoit pas souvent.

Avec ce type d’accompagnement, on voit disparaître très vite, surtout chez les enfants, toutes les pathologies chroniques, c a d les pathologies fonctionnelles. Chaque fois qu’il s’agit de lésionnel, il est évident que ce n’est pas de notre ressort, la médecine est là pour cela et c’est bien. Dans le meilleur des cas, on peut être des  partenaires complémentaires et efficaces dans les pathologies lourdes.

Nous sommes également formés aux sciences fondamentales (anatomie, physiologie, biologie) et en particulier à ce que l’on appelle la pathologie différentielle d’exclusion, qui signifie que l’on doit être capable de distinguer quand il y a suspicion de pathologie grave, pour absolument déléguer au corps médical.

Le praticien de santé naturopathe est en fait le « généraliste de la santé » comme l’allopathe est le généraliste de la maladie. Il ne s’accorde jamais le droit d’ingérer dans un traitement médical en cours.

Intervention de Philippe Martineau

Un peu d’historique sans remonter très loin dans le passé, cependant, toute médecine manuelle à des antécédents dans les siècles précédents : l’ostéopathie est une thérapie qui a été inventée, au 19e siècle, par un médecin chirurgien appelé Still, déçu par l’approche médicale classique de l’époque, où il n’y avait ni antibiotiques ni corticoïdes, où il n’y avait que des plantes et le bon sens pour essayer de soigner les gens. Il s’était rendu compte qu’en ayant des actions bien précises sur différents tissus du corps, il pouvait relancer l’homéostasie de ce sujet. Still a fondé l’ostéopathie vers la fin du 19e siècle, il a ensuite créé une école en 1892, ensuite ses disciples ont continué à divulguer ses principes.

L’ostéopathie est avant tout un concept de soins, ce n’est pas une technique, dans lequel les grands principes sont d’admettre que la structure et la fonction sont intimement liées. D’autre part, dans l’approche du sujet, celui-ci sera pris dans sa globalité et non par rapport à ses symptômes qui ne sont que des sonnettes d’alarme du corps, pour nous dire qu’il y a un dysfonctionnement.

Quand on parle de structure, il ne s’agit pas de structure osseuse d’une façon stricto sensu, mais de structure de tous les tissus du corps au sens large : les os, les articulations, les fascias, les tissus conjonctifs, le système vasculaire, viscéral, crânien. On va essayer d’investiguer le corps du sujet dans sa globalité, et penser que lorsqu’on a une action efficace dans un endroit, toutes les structures du corps vont, par effet de domino, avoir une réponse sur les différents systèmes, et surtout, penser que, à partir du moment où on a fait un bon diagnostic, une bonne thérapeutique, le corps va s’autoréguler. Certes la réaction est différente chez un bébé de 15 jours et une grand-mère de 95 ans, mais on est capable de relancer ce processus homéostasique d’autorégulation du corps.

Une consultation d’ostéopathie, c’est d’abord un interrogatoire, c’est essayer de déterminer dans les différentes relations entre les systèmes, quel le facteur causal qui a déclenché le symptôme, de faire des tests bien appropriés, bien nomenclaturés. Ensuite, il s’agit de faire une thérapeutique, qui peut s’attacher soit à une mobilisation articulaire,  soit à réguler un flux sanguin ou une mobilité déficiente au niveau d’un organe, et surtout, d’arriver à saisir s’il y a des interférences qui ne sont pas de notre ressort, qu’il va falloir détecter, pour orienter éventuellement vers une autre médecine. En ostéopathie, bien que l’on puisse avoir beaucoup d’actions sur ces différents systèmes, si on a un problème occlusal important, il va déterminer des réactions en chaîne au niveau neuromusculaire et va en permanence modifier le système postural du sujet. Tant que le problème d’occlusion ne sera pas réglé, la personne reviendra avec des problèmes de céphalées, de torticolis, de lumbagos, et cela ne sert à rien de manipuler une vertèbre lombaire ou cervicale, de travailler sur le muscle sterno-cléido-mastoïdien au niveau du cou, car la cause n’est pas là, elle peut se situer au niveau d’un contact prématuré au niveau d’une dent et qui, en permanence, envoie un message nociceptif  à chaque déglutition, qui va entretenir la pathologie. Nous sommes donc capables de voir les inter-relations avec les systèmes et de déterminer notre champ d’action et d’application. Nous ne faisons pas de médecine structurelle, l’ostéopathie s’attache aux troubles fonctionnels – nous ne traiterons pas une tumeur du pancréas ou une pneumopathie aiguë – mais nous pensons que lorsque les gens viennent nous voir pour des pathologies fonctionnelles, nous pouvons avoir une grande chance de les réguler  et de les relancer dans leur équilibre.

Au niveau des indications, on peut traiter aussi bien des problèmes ORL, gynécologiques, viscéraux. Ce qui est difficile à déterminer, c’est le facteur causal qui a entraîné cette chaîne lésionnelle, qui fait que telle personne arrive avec un ou plusieurs symptômes. Nous avons un bilan clinique qui nous permet de faire des tests et de déterminer d’où vient le problème, si c’est plutôt viscéral ou pluri-factoriel, sans oublier, bien sûr, le côté psychologique de
la personne, car beaucoup de pathologies sont, soit favorisées, soit enclenchées par des problèmes psychologiques qui, une fois déterminés, permettent d’orienter vers un thérapeute dont c’est la spécialité.

On se positionne, en quelque sorte, comme des généralistes du corps, des bio-mécaniciens du corps pris au sens large, la mécanique n’étant pas seulement des mouvements, mais aussi des micro-mouvements, qui vont relancer les processus d’autorégulation et d’autoguérison du corps.

2e PARTIE : les troubles digestifs, vus selon chaque thérapie

J-P. Loupias :

La maladie est extérieure à l’homme, donc l’homme est une victime, un ennemi est entré en lui, il va falloir le détruire à sa place. On est donc dans un assistanat, si on n’est pas capable de guérir, il faut que la faculté vienne à votre secours, qu’un professeur agrégé intervienne, que la sécurité sociale vous rembourse, tout comme une assurance où on n’est pas responsable ; c’est le délire complet.

De l’autre côté, il y a une autre vision, la vision hippocratique, qui dit que si le microbe est entré, c’est qu’il y avait un trou, une porte qui n’était pas fermée. Dans ce cas, c’est vous qui êtes responsable, il fallait fermer la porte. Tant que l’on aura pas fait comprendre aux gens que la maladie leur appartient, que c’est leur histoire et non celle du médecin. On peut, alors que le microbe est entré, vous donner des antibiotiques. Pour l’estomac, on a découvert l’hélico bacter, donc l’ulcère est dû à ce microbe qu’il faut éliminer et tout sera résolu. Au bout de 5 ans, on s’est rendu compte que cela ne résolvait pas tout, car, si l’hélico bacter est installé dans votre estomac, c’est qu’il s’y trouve bien et il va entraîner des processus qui vont à la longue aggraver votre histoire. C’est vous qui êtes en cause, non pas responsable dans le sens classique du terme, mais vous avez une part de l’histoire.

A la fin des vacances, nous voyons souvent des femmes arriver dans notre cabinet médical en disant qu’elles ont « attrapé » un champignon, par manque de chance. Tout comme elle, des milliers de personnes sur la plage se sont assises sur des champignons, mais cela n’a pas pris chez les autres. (Un paysan qui se rend compte qu’il a des moisissures sur un mur, cherchera d’où vient le problème – une tuile cassée à changer sur le toit – avant de s’attaquer aux moisissures). Le champignon, comme le microbe, n’est que le révélateur d’un problème. Cela ne veut pas dire, que lorsque le microbe est dangereux et que le risque est mortel, il ne faut pas le détruire ; mais dans la plupart des cas heureusement, nos capacités réactionnelles s’étant endormies pour diverses raisons, il s’agira alors de pousser cet organisme qui s’est mis momentanément au repos, à réagir.

Dans le cas de l’hélico bacter, qui est cause de l’ulcère, disait-on – on change actuellement d’opinion – si on le détruit, momentanément, le sujet ira mieux, mais cela va revenir. Mais si l’on donne un traitement qui concerne le terrain, quelque soit la méthode, on redonne au sujet les capacités de se défendre et de l’éliminer par lui-même. Exemple très ordinaire : l’angine à streptocoques, qui fait très peur à tout le monde, est très bien soignée par l’homéopathie, (expérience vérifiée à Bordeaux, dans un service de pédiatrie auprès de 200 enfants, guéris à 100% uniquement avec l’homéopathie). Cependant, si l’on met des microbes dans une boite de Pétri, et que l’on y ajoute des antibiotiques, ceux-ci vont détruire le microbe, c’est vrai, c’est efficace. Si on saupoudre la boite de Pétri avec mercurius solubilis, un des remèdes homéopathiques de l’angine, on n’a aucun effet sur le microbe, c’est très clair. Certains médecins pensent que l’homéopathie, c’est de la foutaise, ils ont raison sur ce plan-là : l’homéopathie n’a pas d’action directe, mais c’est notre force. On n’agit pas sur le microbe, mais sur vos capacités personnelles de détruire ce microbe. Dans l’expérience de Bordeaux, 24 à 48h après, il n’y avait plus de streptocoques dans la gorge des enfants, alors que mercurius n’a pas d’action sur les streptos mais sur le sujet qui les laisse passer.

Pour les problèmes digestifs, il en va de même. Les symptômes de gastrite, de recto-colite hémorragique, de colite, des aphtes à répétition, ou autres, sont ce que vous amenez comme problèmes. En homéopathie, on va chercher des remèdes qui correspondent à ces symptômes : par exemple ipeca pour une recto-colite hémorragique, ou mercurius corrosivus ou argentum, parce que toxicologiquement, ces substances sont capables de provoquer des recto-colites hémorragiques, c’est tout simple. Pour l’ulcère de l’estomac, arsenicum album est le remède, parce que toxicologiquement  l’arsenic provoque des ulcères d’estomac, c’est la fameuse similitude. Mais si l’embarras gastrique est passager, un remède suffira à résoudre le problème, cependant, lorsque le problème dure, il y a de nombreux facteurs qui jouent, dont les fameuses causalités. Que s’est-il passé ? depuis quand ? quel est l’événement qui a causé le déséquilibre du terrain et qui n’est pas la cause de la maladie, mais la cause du fait que la maladie a pu s’installer. Afin de pouvoir travailler dans ce domaine également, on aura des remèdes appelés étiologiques. Par exemple, pour un ulcère d’estomac qui a débuté après un licenciement, comment était le sujet à ce moment-là ? Il a été renfrogné, replié sur lui-même, intolérant à la contradiction, très fermé et parlant très peu de ses problèmes, agressif et violent, ressassant sans arrêt son histoire, soit un tempérament correspondant à staphysagria. Ce remède va correspondre à la contrariété rentrée, au sentiment d’indignation et d’injustice qu’ a vécu le sujet, et va permettre de réguler son fonctionnement (tout comme en naturopathie et en ostéopathie), afin que ces signes puissent s’effacer d’eux-mêmes, car on va permettre au sujet de se réguler tout seul. Staphysagria qui, toxicologiquement, n’est pas capable de provoquer un ulcère d’estomac, va être capable, parce qu’il va jouer sur la cause, de faire que le sujet va résoudre par lui-même son ulcère d’estomac.

En résumé, le principe est le même à chaque fois : on cherche la constitution du sujet, son type sensible, son mode réactionnel chronique (son histoire dans le temps et dans l’espace) et traiter ce terrain, convaincu que, en traitant simplement cela, la plupart du temps, cela s’efface tout seul. Au départ, pour soulager le sujet qui a mal à l’estomac, on va donner des remèdes qui, d’une façon symptomatique vont soulager sa douleur, en sachant que dans la méthode homéopathique, on se réfère à la croix de Hering qui définit 4 secteurs :

–         la localisation : où cela se passe, à quel endroit.

–         qu’est-ce qui s’y passe : cela pique, brûle, tire …

–         les modalités : à quelle heure cela fait mal ? (avant ou après les repas, le jour, la nuit), qu’est-ce qui améliore ? (le chaud, le froid, le mouvement, le repos), qu’est-ce qui aggrave ?

–         les signes concomitants : signes apparus en même temps que sa maladie, mais qui n’ont pas un rapport direct ni avec l’estomac, ni le foie, ni la vésicule, ni le pancréas.

Avec ce système, on va réussir à trouver un remède qui va correspondre à sa façon de réagir à la maladie. Dans le cas d’ulcère d’estomac, les sujets ont des douleurs qui ont à peu près le même rythme, qui permettent de les différencier de l’ulcère du
duodénum, mais certains ont des signes différents, des heures d’aggravation différentes et des modalités d’aggravation ou d’amélioration différentes, ce qui nous permet de choisir des remèdes qui correspondront mieux à leur mode réactionnel.

D. Kieffer :

S’il existe un système concerné par la nutrition, c’est bien le tube digestif. Il est en effet impossible de traiter une pathologie digestive, de la bouche à l’anus, sans parler de diététique et de nutrition. C’est l’une de nos techniques majeures, mais l’on se heurte bien évidemment à des habitudes, à des notions de plaisir, à la convivialité, à toutes sortes de facteurs d’ordre culturel, familial, affectif, voire psychanalytique. Il n’est pas du tout évident, si l’on ne maîtrise pas un minimum de psychologie, de faire passer nos idées à tout un chacun.

Pour essayer de comprendre un peu mieux comment notre tube digestif peut souffrir, voyons ce que nous lui faisons souvent subir plusieurs fois par jour.

Notre alimentation est, le plus souvent, dénaturée :

–         d’abord par les excès de cuisson ou des cuissons maladroites : trop bouilli, cuisson à l’eau, au micro-onde, en friture.

–         ensuite par le raffinage : perte en minéraux et oligo-éléments, en vitamines, en enzymes et en fibres, par exemple dans la consommation régulière de pain blanc, de riz blanc, sucre blanc, sel blanc ; huiles ayant subi jusqu’à 14 opérations physico-chimiques de raffinage.

–         les procédés de conservation qui dénaturent une bonne partie de l’alimentation (conserves, ionisation).

–         les traitements, les additifs de synthèse qui ajoutent des éléments pour lesquels nous sommes quelquefois allergiques ou réactionnels.

Ainsi, on ne met pas un carburant de très bonne qualité dans le moteur humain. En d’autres termes, l’alimentation  n’est pas suffisamment spécifique. (Si l’on met du kérosène dans une 2CV, elle pourra peut-être faire des performances exceptionnelles sur qq. centaines de mètres, mais …). L’être humain n’est ainsi pas fait pour se nourrir de sucre, un sucre qu’on a inventé, raffiné depuis peu de temps dans l’histoire de l’humanité ; pas fait non plus pour se nourrir uniquement de viande, son tube digestif n’étant pas vraiment celui d’un carnivore; pas fait non plus pour se nourrir essentiellement de céréales, n’étant pas équipé comme un granivore …

Heureusement, depuis une dizaine d’années, un certain nombre de médecins fort sympathiques et que j’apprécie beaucoup, viennent tenir un discours riche en argumentations scientifiques, qui confirme, point pour point, ce que nous enseignons depuis toujours. A savoir que les régimes primitifs, dont parlent le Dr. Seignalet, le Pr. Joyeux et quelques autres, le régime méditerranéen, ou régime crétois, ne sont autres que le régime hypotoxique que nous enseignons depuis toujours. C’est vrai que ces régimes sont bourrés de légumes, de fruits, des meilleures huiles de première pression à froid qui protègent le système cardiovasculaire, contiennent peu de viande et plutôt du poisson, des céréales peu ou pas raffinées avec très peu de gluten, des aromates et un peu de bon vin rouge. C’est une alimentation simple, bien étudiée et riche de bon sens, bien adaptée à la physiologie humaine, et il est précieux que l’on arrive à le démontrer aujourd’hui de façon plus pointue.

Cette alimentation, même si elle est de bonne qualité, n’est pas toujours consommée dans de bonnes conditions. Le grignotage, par exemple, qui maintient en permanence une hyperactivité des sucs digestifs et de la motricité digestive, et qui épuise ; elle souffre aussi de mélanges alimentaires complètement anarchiques, qui, pour des raisons prétendues gastronomiques, font consommer au cours d’un même repas des protides différentes, associées à des lipides, des glucides lents et rapides, tout cela surchargé par les sauces, les alcools, les amuse-gueule, les pousse-café, etc. On aura alors tous les éléments propices à amener des surcharges caloriques et toxiniques, des toxines nées des fermentations et putrescences intestinales, et des carences à cause du raffinage et des éléments dénaturés (carences vitaminiques, oligoélémentaires, enzymatiques et tous les éléments essentiels pour mener à bien une digestion).

On pourra ainsi entretenir, tout au long du tube digestif, un certain nombre d’inflammations (toutes sortes de maladies se terminant en « ite »), des spasmes digestifs qui sont des réactions neurovégétatives témoignant d’un malaise métabolique profond, des troubles du transit vers la constipation ou vers la diarrhée, des troubles de la flore intestinale – dont les répercussions sur l’immunité, sur la sphère ORL, sur le défensif en général, sont aujourd’hui bien connues – ; des troubles hépatiques, biliaires, etc. On sait, depuis les travaux du Dr. Kousmine, que la flore intestinale, lorsqu’elle est en bon état, possède un pouvoir antitoxique équivalent à 100% à celui du foie. Autrement dit, si l’intestin n’assume plus sa fonction antitoxique, à cause des mélanges alimentaires qui donnent naissance à des fermento-putrescences chroniques, on renvoie, par voie mésentérique et portale (de l’intestin au foie), toutes sortes d’éléments extrêmement toxiques qui l’affaiblissent en permanence. C’est je crois une nouvelle lecture fort intéressante de l’insuffisance hépatique chronique de l’occidental moyen.

A moyen terme, en débordement de toutes ces irritations, inflammations, putrescences, fermentations, spasmes, on aura de nombreux troubles à distance. L’inflammation diffusera des troubles au niveau de l’abdomen ayant pour origine une surinfection chronique intestinale, et pourra encombrer tel muscle, tel ovaire, tel muscle psoas, etc. On pense alors à d’autres troubles, sans faire le lien avec les troubles digestifs chroniques en amont. Pour d’autres, ce sera des troubles respiratoires, des allergies, des oedèmes, des eczémas, etc. On pourra penser alors que par malchance, non seulement on digère mal, mais en plus on a « attrapé » un eczéma, une infection ou on est devenu allergique. Le bon sens serait de se rendre à l’évidence que le corps s’exprime plus ou moins spectaculairement, puisque à partir du digestif, on aura simplement surmené les processus de régulation et envoyé des messages – des toxines, toxiques, surcharges, déchets – qui seront pris en charge soit par la peau, soit par les sinus, soit par les voies génitales par exemple.

Nous sommes ici vraiment au cœur causal de la pathologie, au sens « humoral » et les solutions sont encore celles du bon sens avec un réglage alimentaire :

–         une alimentation plus hypotoxique

–         une alimentation plus biologique autant que possible

–         une alimentation parfois plus brute ou moins raffinée, mais sans systématiser, car dans certains cas de colopathie, on n’aura pas intérêt à ajouter trop de fibres, mais au contraire du bon vieux riz blanc, pour ne pas irriter, le temps de rééduquer la muqueuse avec d’autres produits comme les jus de légumes crus et les probiotiques.

–         une alimentation vivante, autant que possible, dans laquelle nous allons réintroduire petit à petit des éléments qui n’ont pas subi la cuisson ni le raffinage.

–         une alimentation que l’on essaiera enfin de consommer avec le plus possible de détente, une bonne mastication, et avec toute la convivialité possible.

Si tout cela ne suffisait pas, il faudra bien souvent mettre le tube digestif au repos. Tout le monde ne peut pas jeûner, c’est vrai, mais les monodiètes et les cures sais
onnières sont très valables. Tout le monde peut faire une « soirée compote de pommes » ou une journée soupe de légumes, préventivement ou curative ment.

Il est aussi possible de faire des diètes selon les saisons : cure de raisins en septembre, cure de jus de légumes au printemps, cure de cerises pour les rhumatisants, cure de pêches en été, etc. On devra individualiser ces monodiètes, en fonction du bilan, sur une soirée, une journée, parfois un peu plus ; avec le temps, ces cures vont mettre l’organisme au repos et permettre de réveiller les forces de guérison.

Nous pourrons encore avoir recours à qq. plantes, qq. remèdes que l’on trouvera dans les boutiques bio, plantes dites apéritives, digestives, anti-spasmodiques. Mais ces produits ne sont pas à prendre comme uniques remèdes de première intention, car il faut savoir que même s’ils sont naturels et efficaces, les symptômes ne seront que soulagés, et reviendront ou changeront d’aspect.

Il faut aussi penser à la flore intestinale qui a besoin d’être assainie de temps à autre : cure de charbon végétal (carbo vegetabilis en homéopathie) et de temps en temps, les pré et probiotiques, souches  qui permettent de nourrir et de réensemencer l’intestin. Il faut veiller à prendre grand soin de sa flore intestinale, une population de bactéries à gérer avec tendresse : nous hébergeons en effet dans notre intestin une population de 1014 cellules, soit 10 fois plus de bactéries que de cellules dans notre corps tout entier ! Il sera aussi possible d’ ajouter quelques compléments alimentaires, de l’argile ou des enzymes par exemple.

A partir de cette rééducation progressive, de cette responsabilisation douce, d’une remise en cause très simple basée sur le bon sens et la physiologie, les pathologies vont très certainement disparaître définitivement, car on aura vraiment transformé le terrain et initié des processus d’auto régénérescence souvent insoupçonnés .

Bon appétit, et, prenant soin de vous, soyez un bon compagnon et un bon thérapeute pour vous-même !

P. Martineau :

Pour poursuivre dans le sens de mon prédécesseur, sur le plan lésionnel et mécanique, comment peut-on déterminer les troubles digestifs, tout en sachant que, lorsqu’on s’occupe de globalité, il ne faut pas négliger tout l’aspect diététique. L’ostéopathe ne s’occupe pas que de mécanique, il s’occupe aussi de l’équilibre diététique et fait en sorte que tous les composants métaboliques soient bien équilibrés.

En prenant l’exemple de la femme enceinte, qui souffre souvent de brûlures d’estomac et d’œsophagite, et parfois de reflux gastro-oesophagiens, problèmes indépendants de la flore ou d’une ulcération, mais arrivant à la suite d’un dérèglement de toute une chaîne lésionnelle adaptative.

Dans la position verticale, toute personne possède une courbure cervicale, dorsale et lombaire. Sur le plan postural, un individu tient debout lorsque tous ses capteurs sont en équilibre, pour cela, il faut que les inter-relations entre ces différents capteurs soient cohérents. En posturologie, notion obligatoire en ostéopathie, la personne debout doit avoir un regard sur un plan bien horizontal, un vestibule au niveau de l’oreille interne avec des canaux semi-circulaires bien orientés, des influences podales de bonne qualité, un système musculo-squelettique correct, et un système manducateur qui peut être la source de nombreux problèmes, non seulement locaux mais aussi à distance. Si ces inter-relations fonctionnent, la personne a une posture debout équilibrée, sans problèmes de tension, de lumbago, de cervicalgie, ou au niveau du diaphragme.

Dans le cas d’un pb. de gastralgie chez une femme enceinte de 8 mois, son centre de gravité se trouve déplacé, ce qui va entraîner des tensions musculo-ligamentaires de façon différentes. Son estomac, qui subit les contraintes liées à la respiration diaphragmatique, est relié, par des faisceaux de ligaments, à la coupole diaphragmatique, au niveau de la rate, du colon transverse, et a des relations avec le foie. Tout ce réseau musculo-ligamentaires est un facteur d’équilibre ou de déséquilibre, en sachant que tout ce qui est innervation et vascularisation va passer entre des feuillets, des séreuses et des groupes musculaires. Le problème de reflux ou de gastralgie peut être provoqué localement par un déséquilibre des faisceaux ligamentaires. Le système de régulation se faisant par un système neurovégétatif, sympathique et parasympathique, antagonistes et complémentaires, qui va avoir une action de régulation sur la sécrétion de l’acide chlorhydrique, des glandes endocrines au niveau de l’estomac et va assurer la motricité des muscles lisses de l’estomac, donc du brassage et de la capacité d’ouverture et de fermeture du pylore et du cardia. Si la commande ou la vascularisation ou le drainage se font mal, on peut avoir un symptôme qui se traduira chez la femme enceinte par une gastrite ou un reflux. Ce cas a été étudié chez de nombreuses femmes enceintes, et on s’est aperçu que, souvent, il y avait des problèmes en relation avec une vagotonie, le nerf vague, pneumogastrique, stimulant les sécrétions et la production d’acide chlorhydrique. Si la conduction nerveuse ne se fait pas dans de bonnes conditions, on peut avoir soit une inhibition ou, au contraire une stimulation du rôle du pneumogastrique.

Ensuite, tout le long de la colonne, se trouve le système latéro-vertébral et segmentaire au niveau de la moelle – le système sympathique – qui a aussi une relation avec l’organe par des réseaux de neurones d’association. La conduction nerveuse peut être stimulée ou inhibée à différents endroits du corps et notre approche ostéopathique sera d’essayer de déterminer si le sujet est dans un schéma postural global cohérent, ou essayer de comprendre pourquoi il ne l’est pas : cela peut venir des pieds, de l’œil, de la bouche. Mais cela peut venir aussi d’une modification anatomique dans le cas d’une femme enceinte dont la ligne de gravité est modifiée. Ceci engendre une adaptation au niveau d’un occiput par rapport à un atlas, région où se trouve un plexus sympathique, un ganglion cervical supérieur, mais surtout un ganglion du vague qui, stimulé, va envoyer des ordres incohérents au niveau de l’estomac et procurer une irritation par augmentation de production d’acide chlorhydrique, de gastrine et autre.

Dans ce cas-là, le travail de l’ostéopathe sera de remettre le sujet dans sa globalité équilibrée posturale et surtout, de vérifier que les points de passage du nerf vague, dans ce cas précis, ne sont pas gênés par une contracture, par une dysfonction de latéralité de l’occiput par rapport à l’atlas ou par une hémicoupole diaphragmatique qui ne fonctionne pas normalement parce que le bébé comprime cette zone. Il faudra s’attacher à réguler aussi bien le côté vasculo-nerveux que le côté musculaire, et bien sûr vérifier que, sur le plan diététique et hygiène de vie, tout est cohérent, sans quoi, on aura une action ponctuelle, mais pas la résolution du problème.

Dans cette approche globale, en essayant de traiter aussi bien les afférences et les efférences qui arrivent sur cet estomac, on va essayer de savoir pourquoi cet estomac subit des contraintes aussi bien mécaniques que au niveau de son alimentation artérielle et son drainage veineux ; cela va jusqu’à la régulation hormonale. Dans le concept ostéopathique, on s’occupe aussi du crâne. Sutherland, disciple de Still, avait montré que le crâne pouvait bouger d’une façon micrométrique, au niveau de ses sutures, et que, en agissant sur le crâne, on agissait sur la fluctuation du liquide céphalorachidien, sur le transport hormonal et le
transport des nutriments et la possibilité d’autorégulation du corps.

En résumé, un problème relativement localisé dans ce cas de gastralgie, n’est que la conséquence d’une modification d’une ligne de gravité, éventuellement de dysfonction localisée sur un secteur articulaire qui, à son tour occasionne une décharge neurologique, qui à sont tour va entraîner des effets vasomoteurs, un changement de pH et autres, ceci entraînant une réaction nociceptive. En plus des conseils du naturopathe et de l’homéopathe – en tant qu’ostéopathes, nous connaissons nos limites et faisons alors appel à des spécialistes – on peut, par des techniques de normalisation au niveau musculaire et nerveux, avoir une action très directe, très efficace et très rapide. Lors d’un traitement ostéopathique, on doit obtenir des résultats en 2 séances, une série de 10 séances ne sont pas la preuve d’un bon ostéopathe … Le principe de Still est de trouver la lésion, la corriger, et le corps du sujet va faire le reste ; il faut permettre au corps cette possibilité d’auto régulation. Une séance toutes les semaines chez un ostéopathe, ce n’est pas de l’ostéopathie, c’est du symptomatique et non de la thérapie globale.

Les phénomènes de gastralgie sont toujours à replacer dans un contexte général, en se basant sur l’anatomie et la physiologie, en connaissant les passages des voies nerveuses et vasculaires, en connaissant les tensions musculaires sur lesquelles on peut agir, on régule ainsi le système neurovégétatif, et, s’il n’y a pas de lésion structurelle grave, on relance la machine et la personne s’en trouve le mieux possible.

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