La Naturopathie :

une Technique de Relation d’Aide

Article de Michèle THERON

La naturopathie, enseignement hérité des traditions et toujours actualisé, est une science et un art. C’est aussi une vision intelligente de l’être humain pour préserver sa santé, et par le biais du thérapeute, une relation d’aide sur le chemin de la vie.

La naturopathie est en fait un art ancestral, hérité de toutes les traditions, basée sur une connaissance empirique qui se nourrit des savoirs théoriques ou des découvertes actuelles.
La naturopathie, contrairement à la médecine allopathique, ne soigne pas les symptômes. Elles les utilisent pour la compréhension du terrain et de la maladie, mais elle ne cherche pas à les supprimer à tous prix. Parfois même, certaines de ses pratiques vont augmenter provisoirement les symptômes.
C’est un art et une science de l’hygiène vitale qui s’appliquent à la prévention ou à la guérison. La naturopathie applique et enseigne les grandes lois de la vie saine afin de conserver une parfaite santé et la meilleure qualité de vie possible.
On parle d’hygiène « vitale » parce qu’elle est basée sur le potentiel vital de chaque individu, propre à reconstituer ses réserves et à maintenir son homéostasie. L’homéostasie étant l’ensemble des paramètres physiologiques (et psychiques) qui permettent de préserver l’équilibre d’un organisme.

Le plus souvent, la naturopathie intervient en tant que prévention pour gérer la santé en dehors de l’état de pathologie. Elle a pour cela à sa disposition des grilles de lecture lui permettant de définir le terrain et les tendances d’un individu donné. La morphologie, l’iridologie, les diathèses renseignent, entre autres, le thérapeute.

A ce niveau d’intervention (hors pathologie), mais aussi face à des symptômes déclarés, c’est une pédagogie, une éducation de santé, un enseignement des meilleurs conseils pour que la santé reste à un niveau optimum. Elle intervient comme stimulateur de l’auto-guérison, ne soigne pas les symptômes mais corrige le terrain.

L’auto-guErison

Le concept d’auto-guérison est central dans la naturopathie. L’auto-guérison est un phénomène naturel lié à la « force vitale », notion commune à toutes les médecines traditionnelles. La force vitale est une énergie qui organise, gère, restaure le corps et ses fonctions et dont la manifestation est l’auto-guérison, que nous connaissons tous sous différentes formes : la cicatrisation, les ossifications, mais aussi la fièvre, les éruptions cutanées, la transpiration, les vomissements, les diarrhées, les écoulements, qui tous ont pour fonction d’assainir l’organisme de ses déchets. Cette auto-guérison se manifeste tout particulièrement pendant le sommeil, où le corps enfin au repos, peut se consacrer à sa « reconstruction ».
C’est donc sur ce principe naturel et évident, que repose la naturopathie.
Cette auto-guérison n’est possible que grâce à un apport énergétique correct, à une hygiène de vie adaptée et à un équilibre psychique minimum. Par erreur, nous confondons souvent l’énergie vitale qui charge nos « accus » nerveux et glandulaires, avec l’énergie physico-chimique qui résulte de la transformation des aliments par nos cellules. Lorsque nous manquons d’énergie, cette confusion nous incite à nous alimenter davantage, au lieu de nous ressourcer avec l’énergie naturelle qui se trouve dans la lumière, l’eau, l’air, le contact avec la terre.
Pour vivre en bonne santé, il nous faut répondre aux véritables besoins de notre corps : développer et renouveler notre propre matière par une alimentation adaptée, capter les énergies vitales pour entretenir nos fonctions organiques, et maintenir une harmonie entre notre milieu interne et le monde extérieur.

Chaque corps est différent, puisque fabriqué à partir de gènes différents, d’histoires différentes, d’habitus différents, et de potentiels différents.
La naturopathie apporte une réponse en adaptant ces règles de vie en fonction de chacun, en évitant les erreurs les plus graves, afin d’ouvrir un chemin de santé véritable.

La naturopathie holistique

Le concept de naturopathie holistique élargit l’art de la naturopathie à la notion d’holisme, terme qui vient du grec « holos » qui signifie tout, entier, global. La naturopathie considère alors l’Homme dans sa forme la plus globale et la plus entière possible en englobant un maximum de systèmes et de modèles de connaissance. Ces modèles vont agrandir la vision que l’on a de l’être humain, de sa santé et de sa maladie, qu’elle soit considérée comme physique ou psychique.
L’Homme est alors observé, entendu dans une réalité plurielle qui ne se limite pas au seul corps physique et à ses organes.
C’est en effet sur ces bases que l’on peut correctement appréhender l’Homme et sa santé. On ne peut en effet parler de symptômes, de maladie, voire de souffrance existentielle sans reconnecter l’Homme à sa dimension cosmique, c’est à dire en interrelation avec des systèmes internes et externes complexes.

La conscience de thErapeute

Pour guider le patient dans cet enseignement, pour être naturopathe, il faut, certes avoir intégré ces règles comme allant de soi, mais aussi comprendre l’être humain comme un tout indissociable. Il faut être capable de relier ces règles à sa propre vie, à sa propre façon de se comporter et de vivre.
La naturopathie est souvent perçue comme une technique restrictive, trop basée sur l’ascèse, qui supprime les plaisirs de la vie ! Le naturopathe doit parfois -pour le bien du patient- lui prescrire certaines attitudes restrictives, qui risquent de bouleverser ses repères et pas les moindres, puisqu’il s’agit de nourriture. La nourriture est une expérience ancienne, à laquelle s’associent bien d’autres expériences, vécues dès la petite enfance et tout au long de la vie. D’où une certaine déstabilisation…
Aussi est-il nécessaire d’avoir une approche de l’humain basée sur une écoute individuelle et non stéréotypée, pour accompagner l’Autre dans ce cheminement et cette découverte de lui-même. Car il s’agit à mon sens autant, sinon plus, d’un accompagnement que de l’application d’une technique « pure et dure ».
Faire changer quelqu’un d’habitudes alimentaires est une chose improbable à priori, car ces habitudes sont ancrées depuis l’enfance, selon une culture, des croyances, des stéréotypes,… Faire cette demande à quelqu’un, c’est lui proposer un décentrement. Ce décentrement ne pourra se faire que si le patient se sent accompagné, soutenu et non jugé pour expérimenter une nouvelle façon de vivre.
Dans ce sens, la naturopathie ne devient pas un « message » ou une croyance à faire passer, mais la proposition d’une nouvelle expérience pour se prendre en charge, se responsabiliser et grandir.

La relation A l’autre au cOEur de la thErapie

Avoir cette vision de ce « qu’exige » la naturopathie, c’est comprendre combien la tâche est ardue. C’est comprendre que ce qui est demandé au naturopathe, n’est pas l’application autoritaire d’un système, mais la mise en place d’un lien subtil dans la relation, et la synthèse d’un savoir-faire et d’un savoir-être.
Il me semble par ailleurs, que ce n’est pas la n
aturopathie qui « exige » quoi que ce soit de ce qui vient d’être dit, mais plutôt la relation d’aide qui sous-tend la technique.

C’est parce que quelqu’un vient avec une demande et que l’on tente d’y répondre, que se pose le problème de l’accompagnement. C’est la relation à l’autre qui me semble être au cœur de tout cela, la naturopathie devenant un support, un prétexte à ce qui se joue entre deux humains.

Il est important de comprendre cela, pour ne pas être dupe de l’enjeu et ne pas avoir une vision de sa technique erronée. La technique a certes des atouts, mais elle n’est pas toute puissante. Si on sacralise sa technique, comme l’a fait la médecine officielle, on perd l’essentiel de l’enjeu : l’humain.
Il faut donc être capable de « faire le deuil » de sa technique, de lui reconnaître ses limites, de ne pas la considérer comme supérieure à un autre système, mais de lui reconnaître sa place dans un tout. Nous revenons ici à la vision de base de la naturopathie : l’holisme. Il faut concevoir chaque système dans d’autres systèmes.
Mais si la technique s’efface, que reste-t-il? Le thérapeute, avec tout ce qu’il est, et tout ce qu’il n’est pas et la relation entre deux individus.

L’attente du patient

Cette relation entre deux individus est initiée par la demande thérapeutique, par la démarche que fait le patient en allant voir un thérapeute.
Il est relativement facile de deviner que derrière toute demande thérapeutique, se cache une demande non exprimée, inconsciente, non révélée pour le patient comme pour le thérapeute. Cette double demande est certainement d’autant plus forte lorsqu’un patient fait appel à une technique non conventionnelle comme la naturopathie.
Pourquoi ne va-t-il pas consulter la médecine officielle? S’il l’a fait, pourquoi vient-il voir un naturopathe « aussi » ou « à la place »? Dans ce choix, se cache des motivations avouées et non avouées. Dans la demande de surface qui est signifiée, se cache souvent une autre demande, inconnue et inconsciente, qu’il s’agit de découvrir ensemble ou à laquelle il s’agit peut être de répondre par l’écoute, l’accueil, le « savoir être ».
Que vient chercher un patient? La guérison, certes. Il faut déjà noter ici la différence qu’il existe entre soigner et guérir : le thérapeute soigne et le patient désir la guérison !
Mais que représente la guérison dans son système de valeur, quelle énergie de vie veut-il réinvestir derrière le mot « guérison »?
C’est tout ce qu’il reste à découvrir dans cette relation d’aide.

 

Michèle THÉRON
Praticienne de Santé Naturopathe
Thérapeute

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