Voici bien des années, dans une revue nommée Naturopathie Journal (et devenue collector !) j’avais partagé beaucoup de portraits des hygiénistes et autres fondateurs de notre belle profession. Les années passant, je me dis que cette idée est toujours d’actualité pour compléter vos cours et pour renforcer vos connaissances historique…

Aujourd’hui, Gorges HEBERT (1875 / 1957)

Entré à l’Ecole Navale à 18 ans, et devenu officier, Hébert peut observer les hommes au long de ses voyages. Les peuplades dites « primitives » éveillent vite en lui une admiration purement esthétique et une géniale intuition : c’est dans le milieu naturel que les fonctions physiques s’épanouissent le mieux et optimisent le plus sûrement la santé du corps et de l’esprit. Il réalise combien les autochtones sont non seulement plus forts au plan physique que les européens mais aussi au plan psychologique. Depuis ce jour il clamera inlassablement sa devise « Être fort pour être utile ».  

L’idée d’une « méthode naturelle », loin de demeurer théorique et stérile, prend forme trois années plus tard lorsqu’on lui confie l’enseignement de 1200 hommes à l’Ecole des Fusillers marins de France. Rapidement remarqué et apprécié, on lui délègue la formation de l’éducation physique non seulement dans le cadre de toute la marine mais aussi des écoles publiques. Depuis lors, les ministères de la Guerre et de l’Instruction perdent leurs monopoles … au bénéfice d’un être charismatique.

Si Hébert ne se fait pas que des amis chez les politiques, il obtient des appuis solides chez les médecins et dans tout le courant hygiéniste du siècle naissant : le bon docteur Paul Carton se fait son défenseur fidèle et en 1903 le Marquis de Polignac lui remet les clés du fameux Collège d’Athlètes de Reims (où Jean Boin, par exemple, s’entraînera). Brisé par la guerre dans son expansion sociale, ce bel élan dont les échos sont devenus internationaux devient pour Hébert l’opportunité d’une création nouvelle : « le parcours du combattant » !

Il se consacre ensuite à l’éducation physique des femmes, des adolescents et des enfants avec son épouse Yvonne Moreau. Peu à peu, il essaime des écoles dans les grandes villes de France, ses « Palestres ». Agé de 55 ans, il décide même de prendre la mer avec une équipe féminine solidement entraînée, afin de prouver que les femmes sont aussi capables que les hommes, et notamment pourvus de « caractère » -toujours cet idéal de l’esprit sain dans un corps sain !

L’expansion de l’ « hébertisme » devient spectaculaire : il est adopté chez les Scouts de France, dans les grandes entreprises (EDF, SNCF), les Ecoles Normales et par nombre d’ordres religieux…

Georges Hébert s’éteindra durant l’été 1957, à Deauville, dans l’indifférence générale.

Après 82 ans d’efforts enthousiastes, plus d’une centaine de centres perpétueront sa méthode.

Ainsi sans le savoir, peut-être avez-vous pratiqué l’« hébertisme » en utilisant les « parcours de santé » devenus aujourd’hui habituels dans les parcs, forêts et même les aires de repos des autoroutes ? Vous êtes alors redevenu un peu cet « homme primitif » qui lui servit de modèle et d’inspiration. Des parcours du combattant aux parcours de santé, la méthode demeure en essence la même, éduquer par le mouvement le plus authentique possible, en reproduisant les gestes naturels de force, d’endurance, de résistance de souplesse et de coordination que sollicite la vie simple. Ces gestes, au nombre de dix, sont encore aujourd’hui les « dix familles d’Hébert » : la marche, la course, la saut, la quadrupétie, le grimper, l’équilibre, le lancer, le lever, la lutte et la natation.

Pour cette belle leçon de culture holistique, merci Monsieur Hébert.

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